« Moi, je préfère chercher où il y a de la lumière »

Chânaï (ou Nasreddine Hodja) voyage de récits en récits, accompagné de son âne, explorant avec espièglerie, naïveté et philosophie les curiosités du monde. Tantôt magicien, guérisseur, médecin, prophète, faiseur de miracles et affabulateur, ses tribulations se nimbent d’une douce morale à l’immédiateté toutefois très relative.

Le long d’un chemin aussi initiatique que musical, Chânaï fera la rencontre d’un aubergiste ou du terrible Tamerlan, éprouvera la peur, l’incompréhension et l’hilarité, traversera autant d’épreuves que de banalités quotidiennes pour venir nous livrer le portrait d’un personnage décidément très humain !

Hodja, ou Jeha au Liban (parfois incarné par Akhwat Chânaï, le Fou de Chânaï) fait partie d’une mémoire populaire collective allant des Balkans à la Mongolie. Ce personnage drôle et d’une naïveté renversante transmet par ses gaucheries et ses absurdités un enseignement et une philosophie simple et profonde. En notre époque actuelle particulièrement agressive et violente, il me semble urgent de parler de choses « sérieuses » mais d’une manière légère voire divertissante alors que tout nous pousse vers le sombre et le tragique. À travers ces histoires courtes, morales, bouffonnes, absurdes et parfois coquines, ce spectacle nous convie à recharger nos yeux du regard oublié de l’enfance, innocent, joyeux et grave.

Trois personnages, Chânaï l’aubergiste et autres villageois arpentent la scène avec leurs instruments respectifs. Un décor en carton haut en couleurs se transforme d’une manière ludique devant nos yeux. La musique, oscillante entre atmosphère de cirque, mélodies évocatrices faussement orientalisantes et matière abstraite nous transporte dans un univers étrange et original. À l’aide de quelques haut-parleurs, l’électronique prolonge et renforce la magie de ce spectacle dans lequel enfants et adultes trouveront leur « conte ».